Le petit mot boursier de Roger Lecut (06 février 2022)

Chers investisseurs bonjour,

Nous voilà en février et si le soleil apparaît de temps à autre, la pluie est souvent au rendez-vous et les nouvelles restent maussades. Avec la pandémie, certains parlent d’enlever le masque ; est-ce une bonne idée ? Nous en sommes à 3.296.038 contaminations et le nombre de disparus s’élève à 29.227.

Côté finances, la bourse n’apporte pas une once de réconfort. Chacun revoit sa position. Acheter au bruit des canons et vendre au son des violons. C’était possible le siècle passé mais il faut bien reconnaître que les violons jouent depuis des mois et des mois. L’archet s’est usé et les espoirs de jeunes investisseurs se sont envolés avec les dernières notes. Quant aux canons, ils se placent plus près de nos frontières et commencent réellement à faire peur. De plus, beaucoup de choses ont tellement changé. Les dirigeants actuels se prennent pour des dictateurs et se vissent à leur fonction comme un chien à son os. Bigre !!

Et le climat qui change, et l’inflation qui s’envole, et les senteurs d’autrefois qui commencent à sentir le grillé des vers de farine. Je pense que nous allons cesser de rêver et penser tout bas ce que nous ne pourrons plus dire tout haut.

Le Dow Jones descend et le carburant augmente. Où est la logique ? Bien entendu, en Bourse, on s’y attendait après la percée des plafonds successifs. Les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel. Mais les produits pétroliers ! Vous n’osez plus rouler pour ne plus polluer. Le corona vous oblige à travailler partiellement à votre domicile ; donc vous faites des économies de déplacement. Et en économie, plus vous produisez, plus vous pouvez offrir de produits. Et cet excès d’offres diminue les prix. Avez-vous reçu une explication au phénomène inverse qui se produit actuellement ? Il devrait y avoir plus de baisses alléchantes sur le marché ; au contraire, le produit est soudainement devenu plus rare et nettement plus cher. Autre réflexion : vous allez recevoir une prime pour l’électricité. Elle est vraiment attendue, non pas pour se chauffer dans la véranda ouverte vers la verdure à la mode mais pour payer le prix d’un avion avec une destination bien ensoleillée. Les vacances, c’est vraiment sacré. Nos rêves ont changé et nous vivons dans deux mondes divisés qui n’essaient même plus de se comprendre. En bourse, c’est tout aussi divisé.

Meta (Facebook pour les non-initiés) a subi la pire chute de son histoire. Cela s’est fait en une seule journée. Et oui, META a seulement signalé un ralentissement de la croissance des utilisateurs de Facebook. Pourquoi cette réaction ? Elle perd ainsi l’un de ses principaux attraits aux yeux des annonceurs publicitaires. Il semblerait que cela soit la cause d’une décision de Apple au printemps 2021. APPLE a en effet décidé que la mise à jour de la confidentialité de votre iPhone oblige vos applications préférées et les autres à obtenir votre autorisation avant de suivre votre activité à des fins publicitaires. Cette simple information provoque un changement énorme dans l’utilisation des smartphones. La décision d’APPLE a un impact direct sur les plateformes qui dépendent grandement de la publicité, comme Facebook. Vous avouerez, que vous, comme moi, n’avons jamais apprécié ce modèle de publicité quasi imposé aux utilisateurs. Cela parasite constamment vos lectures.

Cette stratégie de gestion des sociétés est basée sur des logarithmes et ceux-ci font fureur dans la Silicon Valley. META devra désormais tenir compte de la baisse du nombre d’utilisateurs de Facebook. Son voisin APPLE a changé les paramètres de vie privée de son système d’exploitation et cela a probablement mis fin à l’âge d’or du modèle économique publicitaire utilisé notamment par Facebook et Instagram.

Quelle est l’impact de cette incidence importante dans les revenus futurs ? Tout simplement, Apple permet à ses utilisateurs de bloquer le suivi de leur utilisation d’internet. L’application de ce paramètre rend plus difficile, si pas impossible de cibler et mesurer les publicités placées sur Facebook et Instagram par une foule de marques. Le Monde change, la clientèle aussi.

Logiquement, lorsque les campagnes publicitaires deviennent peu convaincantes car sans données sur les utilisateurs et leur comportement, certaines marques revoient à la baisse leurs investissements publicitaires. Et chez Meta, il faut bien le dire : l’impact de la nouvelle politique d’Apple déjà important en 2021 le sera nettement plus en 2022. Cela pourrait engendrer des pertes énormes en revenus publicitaires. Certains avancent des chiffres frôlant les 10 milliards de dollars. Comme quoi, on ne doit jamais tomber amoureux de sa valeur fétiche et se tenir au courant des évolutions devient capital pour conserver vos capitaux (sic).

C’était donc la déroute (provisoire) pour META, mais pas pour le géant du cloud et du commerce électronique, je parle d’AMAZON. Cette entreprise gigantesque vient de réaliser des chiffres records. Amazon a doublé son bénéfice net au quatrième trimestre 2021, à 14,3 milliards de dollars. C’est surprenant, les brokers s’attendaient à un chiffre bien moindre à cause de la hausse du coût du travail, de l’approvisionnement et des livraisons. Les investisseurs ont vu leur valeur fétiche bondir de plus de 10 % alors que les indices américains étaient coincés dans le rouge. De quoi retrouver le moral après cette semaine saisissante ou les résultats de Big Tech et Alphabet ont tous été bons. En fouinant un peu, beaucoup et passionnément cette tendre bourse, (on approche de la St Valentin) je me suis attardé sur le graphique du cuivre.

Nous sommes submergé par les infos relatives à l’augmentation du gaz et de l’électricité. Or, l’avenir serait électrique. Soit, on va se ruer sur celle-ci comme sur le gaz naturel à une certaine époque ou le charbon était révolu. Mais produire de l’électricité sur une grande échelle nécessite des terres massives à occuper par des panneaux solaires ainsi que de grandes quantités d’éléments en cuivre, en acier et en aluminium. Il faut aussi penser à toute une infrastructure, bien entendu pour le circuit routier mais aussi pour les utilisateurs désireux d’entreposer des chargeurs de batteries à l’extrémité de leur propriété.

Il faut aussi penser au problème éolien. Tout cela nécessite du cuivre, de l’aluminium, de l’acier et du béton. Que de boulot pour remplacer l’énergie nucléaire et le gasoil. Un parc éolien est souvent réparti sur plusieurs sections de terrain. Il faut des routes d’infrastructure et des lignes électriques pour se connecter au réseau existant.

Il faut que l’aménagement ne se fasse pas sur une terre agricole. Ce sont souvent de grands projets d’infrastructure nécessitant l’arasement de toute végétation au bulldozer. A en croire les vendeurs de voitures, la vitesse et l’échelle des installations d’infrastructure doivent augmenter de façon exponentielle. Quand la demande mondiale de ces éléments indispensables dépassera l’offre actuelle, les prix vont flamber. Le chart du cuivre est déjà à un sommet. Il faut donc s’attendre en 2022 à la prochaine vague de hausse des prix du cuivre. Cela dépendra probablement d’une demande accrue venant de la Chine.

La formation en « W » du linéaire du cuivre depuis 1993 suggère que cela pourrait être le calme avant la tempête. Il n’y a jamais de garanties sur le marché boursier. Nous sommes depuis 2021 dans une tendance latérale.

Pour en revenir aux marchés boursiers, ils sont fous et sauvages en ce moment. Cyclologiquement, c’est généralement le cas lorsque des problèmes majeurs divisent les camps haussier et baissier.

Les rallyes du marché baissier s’essoufflent généralement sur l’un des principaux niveaux de retracement de Fibonacci (comprenez les niveaux 61,8 %-50 %-38-2 %). Mais les rallyes haussiers séculaires se caractérisent par des sommets plus élevés, dépassant les sommets précédents du marché ; c’est plutôt l’inverse en ce moment. Janvier a été terrible mais il reste du boulot à faire pour retrouver l’envolée longue et historique des dernières années. Pour ce faire, il faudrait dépasser le niveau de Fibonacci situé à 61,8 % soit le cours de 4590 points pour l’indice SP-500 américain. Cela formerait d’ailleurs un beau W de bon augure.

Avec des secteurs défensifs en tête du marché et les secteurs cycliques et sensibles devenant plus négatifs, il y a suffisamment de raisons de rester très prudent en ce moment sur les marchés. Le risque baissier l’emporte largement sur le potentiel de hausse, ce qui est une situation que la plupart des investisseurs n’aiment pas trop.

C’est d’ailleurs confirmé par l’indicateur de confiance de l’Université de Michigan. Il est revenu au niveau de 2010. N’empêche que la panique est vraiment déconseillée. Un coup d’œil sur quelques valeurs belges nous signale que le parapluie est grand ouvert et qu’il faut mieux s’abstenir sur l’ensemble des valeurs à part quelques exceptions.

La Banque Nationale de Belgique revient à la mode

Et pour terminer quelques valeurs qui faisaient la manchette des infos des brokers il y a quelques années. Elles reviennent à la mode.

Bonne lecture et surtout pas de panique.

Roger LECUT
Gradué en Sciences Bancaires et Boursières
Professeur de Cyclologie Boursière
Tribune à la Salle Boursière de Charleroi

Roger Lecut

Je propose un cours en ligne sur la cyclologie boursière accessible gratuitement. Des analyses boursières régulières des actions et indices boursiers. Gazette de l'investisseur avisé : Chaque mois et ceci depuis l'année 2003, je vous propose une gazette boursière pour investir en bourse. Dans cette gazette je présente et commente des graphiques boursiers de valeurs françaises et internationales. J'analyse aussi les indices internationaux (Cac 40, Nasdaq, Dow Jones, ...) en me basant essentiellement sur les graphiques et les cycles économiques et boursiers. J'étudie aussi les fondamentaux des sociétés et je prends aussi en compte le contexte économique actuel (santé des différents secteurs d'activité, conflits militaires, devises, stocks des matières premières, économie globale, ...). Bonne lecture à tous. Roger LECUT Professeur de Cyclologie boursière Ancien Administrateur et ancien Vice-Président d'INVESTA

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