Chers investisseurs,
C’est bientôt l’automne et nos valeurs boursières commencent déjà à s’effeuiller. C’est quasi classique. La cyclologie nous le rappelle chaque année. Les brokers refont leurs comptes et de nouvelles analyses afin de mieux se positionner et de préparer le « window dressing » de fin d’année (belle fenêtre bilantaire) en éliminant les positions hasardeuses.
Le climat devient morose (c’est la logique en septembre réputé le plus mauvais mois boursier), non seulement avec la grisaille du temps, mais surtout avec les fake news, le virus qui continue à sabrer (1.205.516 contaminés et 25.454 décès en Belgique) et les largesses impensables accordées à des personnes n’ayant pas respecté ce qu’impose la loi. Il y a bien entendu des cas malheureux mais maintenant avec tous les avantages que l’Etat Providence accorde, il devient de plus en plus difficile de trouver des personnes qui désirent travailler. Les entreprises peinent à recruter du personnel et vont de ce fait, continuer à s’implanter à l’étranger. Les nouvelles boursières ne font plus hausser nos valeurs à des sommets irréalistes. Bien au contraire, elles permettent aux brokers de moyenner leurs portefeuilles ou d’acheter de bonnes valeurs à meilleur compte. Je le rappelle souvent : s’informer, réfléchir et agir.
Lors d’un voyage en Amérique du Sud en 1991, j’ai visité la bourse de Sao Paulo. Depuis 2020, elle se place deuxième dans le rang mondial des marchés des produits dérivés. Cela ne m’étonne nullement ; je me rappelle que traverser l’avenue pour se rendre à la Bourse était particulièrement dangereux. Certaines têtes brulées brésiliennes prenaient un malin plaisir à foncer avec leur voiture vers les longs passages piétons et les victimes étaient fréquentes. Cela pour dire que le risque est chose commune dans ce pays. J’ai assisté à un exposé du minier VALE ; l’orateur parlait trop vite pour bien comprendre les développements de la sidérurgie et de leur précieuse réserve de minerais de fer. J’avoue que pour tuer le temps, quatre slides sur deux heures d’exposé, j’ai compté le nombre de cigarettes fumées par cet ardent délégué commercial qui nous incitait à investir dans son entreprise : cela dépassait la quinzaine de mégots. Tout cela pour dire que cette bourse cote les sociétés brésiliennes qui atteignent une capitalisation boursière de plus de 1.300 milliards de dollars. Le Monde a bien changé, nous vivons maintenant dans une économie de spéculation. Regardez la ruée sur les cryptomonnaies, sur les marchés d’actions, sur les matières premières et maintenant sur l’immobilier. Dans les valeurs cotées à Sao Paulo, vous connaissez certainement PETROBRAS et AB-INBEV.
Parlons de cette dernière. Elle a difficile à s’élever. Pourtant, elle a battu les analystes sur ses volumes et sur ses revenus. On dit qu’elle a manqué leur consensus sur son « ebitda » et son bénéfice par action. C’est donc au niveau de la rentabilité que le bât blesse et le Coronavirus n’est pas là pour arranger les choses. Les brokers parlent aussi de la hausse des matières premières, on va d’ailleurs recultiver le houblon en Belgique. En un mot, le broker pense à de nouveaux bénéfices moins importants que prévus et comme le cours de bourse représente l’actualisation des dividendes futurs, il chute. D’autant plus, que de nouvelles informations rapportent que les boissons fruitées alcoolisées commencent à perdre de leur attrait. Elles représentent au moins 4 % du volume des ventes d’AB-INBEV. Mais jusqu’où ? Notre graphique montre une résistance à 47 euros et un plancher à 44 euros. Si le Coronavirus s’atténue et que la vie brassicole reprend, nous pouvons vite espérer une hausse vers les 70-74 euros et même 80-84 euros. Je vous rappelle que ces estimations ne sont pas faites pour un court terme mais pour un moyen à long terme.
Parlons d’AGEAS. J’ai visité son implantation à Hongkong l’année des événements place Tianmen. Les commentaires étaient excellents et l’étaient toujours jusqu’il y a peu avec le malaise boursier chinois qui a changé la donne. Ce pari asiatique risque de rogner les bénéfices de l’assureur qui doit également faire face à de graves dégâts climatiques en Belgique. Nous sommes descendus sur une ligne de soutien à 41 euros et un rebond n’est pas exclu car à 40 euros, la valeur est conseillée à l’achat. Si la tension avec la Chine diminue, l’action pourrait bien revenir à 49 euros et même 54 euros.
Parlons maintenant de SOFINA. Elle aussi souffre du malaise chinois avec l’imposition de nouvelles règles mais aussi d’une prime trop élevée. Cette hausse inexplicable (elle a atteint 412 euros) a été provoquée par des achats spéculatifs. Les résultats de la société sont solides, elle engrange en 6 mois, un bénéfice net de 1,6 milliards d’euros. Les capitaux propres de la société s’élèvent maintenant à près de 309 euros par action ; celle-ci n’est donc pas à dédaigner. Il y a le fait que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel et la société qui a coté 25 % au-dessus de sa valeur intrinsèque retrouve une cotation normale. Le cours actuel est devenu un cours de croisière et reste un cours d’achat ; toutefois, une évolution dans son carcan historique haussier n’est pas à exclure avec les évènements actuels. Cela devrait être mis à profit pour un bon achat. On s’attend à une nouvelle réaction espérée positive avec la publication des résultats de la Sté de commerce électronique THE HUT GROUP (THG) la semaine prochaine. Elle en est actionnaire à 8 %. Les analystes sont positifs sur le titre. Le consensus moyen recommande l’achat ou la surpondération de la valeur ; attendons voir.
Parlons maintenant d’UCB qui souffre comme tout le secteur pharmaceutique des craintes de voir le secteur médicamenteux aux USA subir des limitations de hausse des prix avec un projet de loi déposé par les démocrates. Tout comme son principal actionnaire FINANCIERE DE TUBIZE, elle teste sa ligne de soutien. Septembre est un mauvais mois et est bien souvent un mois ou on doit oser acheter les bonnes valeurs.
En fait, les bonnes valeurs agissent comme le font les indices boursiers. Ceux-ci ont atteint régulièrement depuis quasi deux ans de nouveaux sommets historiques. C’est logique, une tendance haussière est composée de hauts et de bas plus élevés, et l’évolution boursière vécue ces derniers temps en est l’exemple parfait. Au cours de cyclologie, on parlait de la loi de Dow.
Que faut-il pour que cela s’arrête : Et bien, ce n’est pas à souhaiter, mais le cours de l’action ou de l’indice pourrait ne plus atteindre un sommet plus élevé. Cela pourrait indiquer que la force d’achat disparaît et que les investisseurs se dégagent lentement mais sûrement. Si l’ensemble des investisseurs pensaient la même chose, ce sera une forte correction appelée krach. Je pense que si cela arrive, il faudrait que le cours fasse deux sommets au même niveau, un double top qui serait alors dangereux et provoquerait un sauve qui peut. Il y a aussi la formation Tête et épaules mais ce n’est pas le cas en ce moment sauf pour les cryptomonnaies.
Si le cours de l’indice S&P-500 descendait sous 4375, cela pourrait signifier un épuisement des acheteurs ou une pression de vente accrue. Nous sommes toujours au-dessus de la moyenne mobile à 50 jours, c’est un soutien constant qui constitue un niveau d’achat à la baisse pour moyenner les portefeuilles. Mais si le cours casse la moyenne mobile à 50 jours et continue ensuite à baisser, ce soutien est brisé et pourrait provoquer une chute de l’indice sur les supports suivants soit 4375-4310-3940-3850.
Les investisseurs doivent apprendre à digérer les retours de tendance dus aux forts gains de l’année ou aux nouvelles trop médiatisées. Bien souvent, c’est la hausse qui revient et comme le disait un broker « Les nouveaux sommets sont presque toujours de bonnes nouvelles ; c’est juste le dernier qui ne l’est pas. » et personne ne sera là pour vous le dire. Mais rassurez-vous, il vous suffit d’avoir une bonne stratégie, de suivre vos graphiques et vous verrez si le besoin se présente comment en sortir sans grosse blessure. La Bourse, c’est la Vie.
Roger LECUT
Gradué en Sciences Bancaires et Boursières.