Chers investisseurs,
Le soleil est là mais les nouvelles restent mitigées. 3.421.081 personnes contaminées du Corona et 29.624 qui sont décédées des suites de ce virus. Le soleil est là mais l’inflation vient d’atteindre aux USA, son plus haut niveau en 40 ans. L’indice des prix à la consommation a atteint une hausse annuelle de 7,5 % en janvier. Se précipiter pour acheter ce que vous pensiez faire cette année ou l’an prochain ne sert à rien, nous sommes dans un contexte de pénuries persistantes et les chaînes d’approvisionnement sont perturbées.
Voici de gauche à droite, l’évolution de l’inflation aux USA et en Belgique depuis les 25 dernières années.
Je vous ai averti plusieurs fois de cette hausse que personne ne désirait mais voilà, elle est bien là et pour un temps certain. Il s’agit de la hausse la plus rapide depuis 1982, ainsi que d’une nouvelle accélération par rapport à celle observée en décembre.
Les pressions généralisées sur les prix se répercutent sur l’ensemble de la reprise économique et les chiffres commencent à inquiéter. Les prix de l’énergie sont un facteur clé de l’indice des prix à la consommation. Ils ont augmenté de 27 % d’une année à l’autre en janvier. Dans le secteur de l’énergie, les prix du mazout ont bondi de 9,5 % sur une base mensuelle. Les prix de l’électricité ont également bondi de 4,2 % d’un mois à l’autre. Ce qui devient alarmant, c’est aussi les hausses des prix des aliments qui rendent plus chers les repas à la maison (1%) et aussi à l’extérieur (0.7%).
Il faut savoir que même en excluant les prix plus volatils des denrées alimentaires et de l’énergie, l’indicateur de base a déjà augmenté de 6,0% en janvier par rapport à l’année dernière. Cela marque la plus forte hausse citée depuis 1982.
Les prix des logements ont encore augmenté et cela a entraîné une augmentation des prix des loyers parallèlement aux prix des maisons.
Les gens ont des problèmes de financement et cela pousse de nombreuses personnes à louer au lieu d’acheter des maisons. Mais le taux de croissance annuel du PIB (Produit intérieur brut) à gauche aux USA et à droite en Belgique nous montre que malgré tout, l’économie reprend.
En effet, ces deux graphiques démontrent une affirmation très claire ; celle que l’inflation est devenue une caractéristique persistante de la reprise économique. Selon de nombreux économistes, cette nouvelle flambée des prix confirme l’argument selon lequel la Fed doit s’empresser de s’éloigner des politiques monétaires accommodantes et l’inciter à resserrer les conditions financières pour aider à faire baisser les prix élevés. Cela va à l’encontre des espoirs de gains boursiers rapides.
Bien entendu, les bourses commencent à prendre une tendance latérale avant un effondrement prédit par certains et contredit par d’autres. Il faut bien faire vivre les médias.
Les marchés ont réagi rapidement aux données de l’index des Prix à la Consommation. Les contrats à terme sur actions chutent et les rendements des bons du Trésor grimpent immédiatement. Le rendement de référence à 10 ans vient d’atteindre son plus haut niveau depuis 2019, les investisseurs prennent en compte la probabilité de plusieurs hausses de taux d’intérêt de la Fed cette année.
Il faut se protéger de ces hausses attendues mais il y a peu de domaines où les consommateurs peuvent trouver refuge contre ces hausses de prix. De plus, que signifierait une invasion russe de l’Ukraine pour les marchés ; la Maison Blanche avertit qu’une attaque pourrait survenir maintenant n’importe quel jour et ce pendant les jeux olympiques.
Lorsque le marché corrige ou est dans un marché baissier, nous devons nous rappeler que les attentes haussières doivent être tempérées. Les conditions de survente qui apparaissent sur des indicateurs dans les marchés baissiers deviennent comme de la glace fragile qui risque de rompre à tous moments. C’est donc une mauvaise base pour un rallye prolongé. Il est dangereux d’y prendre appui pour espérer une hausse gratifiante.
L’incertitude et la volatilité qui en résultent rendent la gestion des actions plus difficiles à court terme, mais, rassurez-vous, les analystes ont noté que les actions américaines ont eu tendance à surmonter les chocs géopolitiques relativement rapidement. Nous ne pouvons pas minimiser les nouvelles d’une guerre proche et ignorer ce que cela pourrait signifier pour cette partie du monde européen et les personnes touchées qui y vivent. Mais, du point de vue de l’investissement, la cyclologie boursière nous rappelle que les événements géopolitiques majeurs n’ont historiquement pas beaucoup fait bouger les actions. La panique est la pire des choses en investissements.
Le dollar reste dans sa tendance haussière. Il vient de subir une légère correction qui suggère que le scénario de marché haussier est susceptible d’être testé dans les semaines à venir. Si cela se produit, certains experts s’attendent à voir le prix de l’or (calme pour l’instant) connaître un rallye mémorable.
Regardons plutôt les conséquences sur certains secteurs. Si les actions s’enfoncent, le pétrole pourrait rester 100 dollars le baril si le conflit vient à éclater. Nous venons déjà de voir la réaction boursière lorsque le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche a annoncé que la Russie pourrait attaquer l’Ukraine n’importe quel jour. L’indice phare américain a perdu plus de 500 points et les contrats sur le pétrole ont grimpé de près de 5 %.
Les fonds d’investissement se protègent en achetant les actifs refuges traditionnels. Cela a fait baisser les rendements des bons du Trésor tout en faisant grimper l’or, le dollar américain et le yen japonais. Si la Russie avance ses chars en Ukraine, les prix de l’énergie devraient augmenter et monter en flèche. Cela entraînera probablement le prix du brut au-dessus du seuil de 100 $ le baril pour la première fois depuis 2014. Mais, le rôle de la Russie en tant que fournisseur clé de gaz naturel pour l’Europe occidentale pourrait faire monter en flèche le prix de celui-ci. Dans l’ensemble, la flambée des prix de l’énergie en Europe et dans le monde attisera la volatilité sur les marchés financiers.
Les investisseurs avisés fuiront vers la qualité comme le veut la coutume. Les bons du Trésor sont parmi les valeurs les plus recherchées par les investisseurs en période d’incertitude géopolitique. Les rendements des bons du Trésor, qui évoluent dans la direction opposée des prix, restent toutefois vulnérables à la suite d’un rapport sur l’inflation de janvier. Les traders évaluent une hausse potentielle des taux de la FED d’un demi-point en mars. Mais si l’Ukraine est attaquée, la Fed sera plus accommodante que le marché ne le croit actuellement, car la guerre rendrait les perspectives encore plus incertaines. Ce qu’il faut retenir des crises géopolitiques passées, c’est qu’il est préférable de ne pas se laisser aller à la panique.
En effet, la cyclologie boursière nous apprend beaucoup en examinant les 28 pires crises politiques ou économiques au cours des six décennies précédant les attaques du 11/9 en 2001. Dans 19 cas, le Dow Jones était déjà en hausse six mois après le début de la crise. C’est une classique et la hausse moyenne sur six mois après les 28 crises a été de 2,3 %.
Vous vous souvenez des attentats du 11/9, qui a laissé les marchés fermés pendant plusieurs jours. Le Dow Jones a chuté de 17,5% à son plus bas niveau, mais il s’est redressé pour ensuite dépasser son niveau du 10 septembre, six semaines plus tard.
Voilà des informations qui ont du poids. Jetons un coup d’œil sur quelques valeurs.
Bonne lecture, surtout pas de panique, protégez-vous bien et bon dimanche.
Roger LECUT Gradué en Sciences Bancaires et Boursières. Professeur de Cyclologie Boursière.