Roger Lecut
Chers investisseurs, bien le bonjour
Il existe de nombreuses façons d’aborder les marchés. Les banques nous le disent et même nous le proposent, l’intelligence artificielle peut améliorer le rapport risque/récompense du marché boursier. Je connais des mordus de l’ancienne génération qui utilisent des structures d’options pour se couvrir et tirer parti des tendances à long terme du marché en échappant au bruit général des marchés.
Cependant, de vieux boursiers passionnés par la bourse n’écoutent que leur intuition, une voix intérieure qui leur murmure d’oser investir ou de ne pas se brûler avec tel ou tel papier. Il faut, pour vivre plus longtemps, avoir une passion pour quelque chose et se construire un monde dans lequel vous vous sentez en sécurité. Je n’ai jamais ressenti le besoin d’acheter la dette d’un autre, ne fusse même un bon d’Etat.
Par contre, j’ose de temps à autre miser sur une nouvelle pépite prometteuse mais je la lâche sans regret si elle semble faire le jeu des « shorteurs » ou devient la vedette d’un groupe de spéculateurs.
En possession de votre action, vous devenez une personne qui s’intéresse de suite à l’évolution du secteur et votre intuition naturelle vous dira par exemple qu’il est vain d’espérer de gros profits avec des sociétés mises au banc de la société comme les producteurs de pétrole ou d’investir massivement dans les biens immobiliers à l’aube d’un krach; ou bien encore, d’acheter un gros paquet d’actions en assurance avec les catastrophes écologiques actuelles.
Ecoutons notre voix intérieure, elle a souvent raison lorsque le monde boursier nous fascine. N’oubliez pas que l’argent facile s’envole tout aussi facilement qu’il est venu.
Et avec cette ,intelligence artificielle, prenez quand même en considération que cela ne rend pas plus facile de battre le marché.
Ce n’est pas parce qu’un ETF par exemple a fait plus de gains qu’un concurrent, qu’il est meilleur. Cela dépend de la durée du gain et encore faut-il que vous preniez votre bénéfice à temps. J’ai lu dernièrement que près de 60 % des fonds et ETF gérés activement avaient battu leurs indices de référence au premier semestre 2023. Cela arrive bien entendu et j’avouerai que c’est même de plus en plus souvent.
Mais la réalité est toute autre. Si un ETF bat le marché, il se peut qu’un autre ETF soit plus bas et même dans le rouge. Et une fois les coûts de transaction pris en compte, l’investisseur s’apercevra que le rendement moyen des ETF de son portefeuille est aussi inférieur au rendement du marché dans son ensemble car les frais de transactions et les rémunérations du personnel sont à tenir en compte.
Le marché n’est donc pas devenu plus facile à battre avec cette intelligence artificielle. Les transactions sont coûteuses car votre portefeuille additionne vos achats, soustrait vos ventes et multiplie ou divise vos positions dans des temps de possession de plus en plus courts. Et ce n’est pas parce que la victoire revient aux ETF en 2023 que cela sera de même en 2024. Reconnaissons aussi que les fonds indiciels sont de plus en plus nombreux et détiennent ainsi une part du capital boursier de plus en plus importante. Les investisseurs isolés ou en clubs ont donc moins d’efficacité et se laissent devancer à court terme par les ETF qui font le marché. Revoyez la copie avec les frais de transactions sur quelques années et vous verrez que la performance des ETF et leur rémunération ne vaut pas toujours l’abandon des simples actions.
Le bon conseil d’il y a 40 ans était de créer deux portefeuilles distincts : un permanent et un spéculatif. Vous mettez dans le premier l’essentiel de vos actifs (disons des actions de bon père de famille et de bonne rentabilité) ou aussi des fonds indiciels. Vous détenez ce portefeuille à long terme avec peu ou pas de changement. Ensuite, vous faites un autre portefeuille avec des valeurs spéculatives. Si c’est simplement le jeu ou le goût du risque qui vous intéresse, vous pouvez aussi le faire avec de l’argent fictif et vous faites de votre mieux pour battre le marché.
Une autre solution est de vous inscrire à un club d’investissement avec des mises sous contrôle et des réunions mensuelles avec un jugement collectif.
Voici l’évolution de quelques actions souvent citées et bonne lecture
Roger LECUT GRADUE EN SCIENCES BANCAIRES ET BOURSIERES:
