Le petit mot boursier de Roger Lecut (19 février 2022)

Chers investisseurs,

Je vous disais il y a quelques jours que les investisseurs superstitieux pouvaient pousser un soupir de soulagement après le Super Bowl de dimanche dernier. Mais bien entendu, tout est relatif et il ne faut jamais prendre pour argent comptant la foule de dictons encombrant les journaux financiers. Certes, l’indicateur du Super Bowl est de bon augure pour les actions américaines pour le reste de l’année. Cela parce que une équipe originale de la NFL comme les Rams de Los Angeles a gagné par opposition à une équipe de la Conférence de football américain comme les Bengals de Cincinnati. Mais en cyclologie, il ne suffit pas de regarder un chart sur une durée de temps limitée, il faut voir son évolution historique. Ici, le chart de l’indice américain forme une figure « tête et épaules » qui pourrait provoquer une descente du cours sur une des lignes des angles de GANN à 32500 points mais…. !!

Pour le dire brièvement, si la bourse remonte sur base d’une accalmie dans le conflit Russie-Ukraine, est-ce vraiment pour une semaine ou pour quelques années. Revenons par exemple en l’an 2000. Le St. Louis Rams, l’équipe favorable à la hausse boursière, avait gagné en 2000, juste avant que les actions technologiques ne s’effondrent.

Passons à 2008. Et bien les Giants de New York de la NFC ont gagné (bonne nouvelle boursière) pour lancer une année 2008 encore plus méchante dix mois plus tard. Il faut rester les pieds sur terre. Quand il y a moyen d’attirer des lecteurs, on concentre leur attention sur des points sans importance qui frisent parfois le ridicule. Par exemple, lorsque l’une des couleurs primaires de l’équipe gagnante est l’orange, comme les Bengals, le rendement total du S&P 500 pour le reste de l’année a été de 22,6%. Mais la bourse descend à peine un tiers de plus lorsque la couleur primaire est le bleu, comme les Rams.

Cependant, et comme l’a écrit Floyd Harris, célèbre chroniqueur financier du Financial Times, «quiconque est assez farfelu pour miser sur une partie de football américain en se référant à la performance des marchés boursiers, ou encore assez crédule pour croire qu’une partie de football peut prédire la tendance de la bourse, devrait probablement engager un gestionnaire de portefeuille, un psychiatre, ou les deux à la fois…». Mais comme cela s’avère porteur 3 fois sur 4, cela redonne du moral dans les temps calamiteux. Pour en rire un peu plus, aux USA, le numéro spécial Maillots de bains du magazine américain Sports Illustrated aurait une influence sur la Bourse. Si la modèle toujours jolie en couverture est américaine, l’indice enregistre un return supérieur à la moyenne. Si elle est étrangère, l’indice sous-performera le marché. Allez-vite l’acheter, non pas pour la valeur prédictive, mais parce que la modèle est délicieuse à regarder et qui sait, si elle est américaine, peut être achèterez-vous en bourse cette semaine ?

Ces indicateurs ont beau ne reposer sur aucun élément concret, de nombreux investisseurs continuent de leur attribuer un pouvoir assez magique. En un mot, c’est l’exemple même de la faiblesse de la logique statistique humaine. Il faut être idiot pour croire à la valeur prédictive de cet indice, me direz-vous et le Super Bowl Stock Market Predictor nous rappelle que la voie vers la richesse n’est pas pavée de statistiques à deux sous. Et pourtant, des milliers de personnes se font régulièrement piéger par des promesses farfelues ou des offres tellement alléchantes qu’elles en sont tout bêtement ridicules. Comme au casino, rien ne va plus.

L’or grimpe, de toute évidence, il y a beaucoup d’inquiétude quant à ce qui nous attend sur le marché cette année. Les vents contraires, comme ceux violents de vendredi, confrontent le marché et notre attitude. Il y a des cygnes noirs partout. La Bourse est confrontée avec la Réserve fédérale qui promet d’augmenter les taux d’intérêt cette année, la Russie menace de guerre son voisin l’Ukraine. Il y a les problèmes de chaîne d’approvisionnement (les puces informatiques, le gaz, le nucléaire, le lithium) et la poursuite de la pandémie de Covid. Sur près de 3.500.000 personnes contaminées en Belgique (3.494.223 exactement), il y a eu quasi 30.000 décès (29.920 signalés) soit un décès toutes les 116 personnes atteintes du Corona. L’inquiétude, disons la prudence reste de mise.

Voici l’indice phare américain : le Dow Jones et l’indice de peur et de cupidité du Bitcoin.

De temps à autre, je vous envoie le graphique de ma valeur Benchmark, GENERAL ELECTRIC, c’est pour moi, un indicateur du climat industriel américain. La tendance n’est pas à la panique mais à la consolidation. Le pétrole consolide sa tendance haussière.

Et le dicton vendre au son du violon et achetez au son du canon. Depuis trois mois, des secteurs affichent des chutes pouvant atteindre quasi 17 % à l’encontre d’un autre secteur, l’énergie qui pour ne pas la citer trône avec un boni de quasi 17 %.

Pourquoi pas « acheter au son du canon » ? le secteur le plus décrié en ce moment est la technologie. Elle a des hauts et des bas mais avant tout, il faut savoir dans quoi on s’engage.

Les analystes, courtiers et brokers les plus suivis considèrent qu’une dizaine de valeurs technologiques peuvent être achetées en ce moment. Les plus recommandées sont ALPHABET, MICRON TECHNOLOGY et PAY PAL.

Je vous ai déjà parlé de la différence entre des actions de croissance et des actions de valeur. Les actions de croissance sont celles des entreprises qui augmentent rapidement leurs ventes et qui ont tendance à se négocier nettement plus haut par rapport aux estimations des bénéfices attendus. En 2021, elles étaient à l’avant-garde du marché haussier. Cet engouement vient de cesser ; les investisseurs s’attendent à plusieurs hausses des taux d’intérêt par la Réserve fédérale pour lutter contre une inflation élevée. 2022 sera ainsi une année ou les actions de valeur auront à nouveau la cote.

Toutefois, certaines actions technologiques peuvent être considérées en 2022 comme « valeur » au lieu de « croissance ».

En fait, en bourse, il faut s’informer et rechercher des actions technologiques qui ont de faibles valorisations par rapport aux estimations bénéficiaires ; principalement, celles qui ont des rendements élevés avec les flux de trésorerie qui ont gonflé dernièrement. Elles sont toutes très bien notées par les analystes.

Nous en sommes effectivement au retour des actions de « valeur » et le choix antérieur des actions de « croissance » était judicieux.

Paradoxalement, si je regarde le return (hausse + dividende encaissé), j’arrive à un cours de 371,63 pour la croissance et un cours de 211,74 pour la valeur.

La croissance a donc nettement brillé au cours de la dernière décennie. Cela est dû à la période de croissance rapide des entreprises technologiques, reflétée par des estimations élevées des bénéfices (cours de bourse = actualisation des dividendes futurs). Pourtant, les médias nous disent qu’il y a 40 ans que l’inflation avait été aussi élevée que maintenant. De plus, il y a la crainte évidente du changement politique attendu de la Réserve fédérale qui devrait modifier la dynamique du marché boursier pendant quelques années. Cela a d’ailleurs déjà commencé puisque la baisse des cours des actions en 2022 – repli de 11% du secteur des technologies – a fait entrer certaines entreprises dans le camp de la « valeur » en quittant le camps des « values ».

Citons en quelques unes des plus connues des investisseurs belges : Jetons un coup d’œil sur l’action MICRON TECHNOLOGY (MU). Son PER (degré de cherté) est de 8,95. 87 % des brokers sont à l’achat avec un objectif de cours à 113 $ soit un gain espéré de 26 %.

Vous connaissez tous l’action GOOGLE, c’est la valeur ALPHABET avec un PER de 22,50 et un objectif de cours à 3480 $ (+ 30 %).

L’action PAYPAL (PYPL) est le numéro un des services de payements digitaux. Son degré de cherté s’élève à 23,80. Les espérances de hausse atteignent 63 % avec un cours de 189 $. L’action vient d’être pénalisée à l’annonce de résultats décevants mais les spécialistes croient toujours à une forte croissance à venir.

ANALOG DEVICES, le fabricant de semi-conducteurs a un PER de 19,92 et des espérances de hausse de 37 % pour atteindre un cours de 210 $.

TELEDYNE a un PER de 23,77 et les brokers la voient atteindre un cours de 533 $ soit une hausse de 27 %.

L’action BROADCOM, un fabricant de semi-conducteurs a un PER de 16,98 et on espère voir un cours de 697 $ soit 27 % de hausse.

Voilà, il y a de quoi réflèchir. Vous me direz que les risques de guerre sont de plus en plus présents mais en cyclologie boursière, il est réellement prouvé que la règle veut que les problèmes géopolitiques représentent toujours une opportunité d’achat. A titre exemplatif, j’ai connu la crise de Cuba. La bourse a plongé de plus de 10 % et une année plus tard, elle avait haussé de plus de 25 %. Idem pour l’invasion de l’Afghanistan par les Russes. Chute de 11 % puis gain de plus de 25 %. La guerre du Golfe a fait chuter nos actifs de 20 % pour les retrouver 12 mois plus tard en hausse de 10 %.

Alors, essayons de vivre heureux en attendant le meilleur.

Bonne journée, bonne lecture et restez calmes et sereins.

Roger LECUT Gradué en Sciences Bancaires et Boursières.

Roger Lecut

Je propose un cours en ligne sur la cyclologie boursière accessible gratuitement. Des analyses boursières régulières des actions et indices boursiers. Gazette de l'investisseur avisé : Chaque mois et ceci depuis l'année 2003, je vous propose une gazette boursière pour investir en bourse. Dans cette gazette je présente et commente des graphiques boursiers de valeurs françaises et internationales. J'analyse aussi les indices internationaux (Cac 40, Nasdaq, Dow Jones, ...) en me basant essentiellement sur les graphiques et les cycles économiques et boursiers. J'étudie aussi les fondamentaux des sociétés et je prends aussi en compte le contexte économique actuel (santé des différents secteurs d'activité, conflits militaires, devises, stocks des matières premières, économie globale, ...). Bonne lecture à tous. Roger LECUT Professeur de Cyclologie boursière Ancien Administrateur et ancien Vice-Président d'INVESTA

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