Un warrant dividend ne met pas d’argent tout de suite dans la poche : il te donne un droit d’acheter plus tard à un prix fixé. L’intérêt du jeu, c’est donc la stratégie. Voici un mode d’emploi clair pour sécuriser, optimiser ou combiner les deux — sans se faire piéger par l’échéance, la dilution ou la liquidité.
Rappel express (le principe en 20 secondes)
- La société distribue des warrants (droits d’acheter l’action à un prix d’exercice “strike” avant une date).
- Valeur immédiate = souvent nulle ou faible. Valeur future = dépend si le cours > strike avant l’échéance.
- Pour une explication complète : voir l’article wiki sur le warrant dividend.
Ce qui compte avant tout
- Strike, échéance, ratio (ex. 1 warrant pour 10 actions), style (américain/européen), clauses spéciales.
- Les warrants sont-ils cotés (liquides) ? Spread achat/vente ? Frais de courtage et d’exercice ?
- Position de départ : tu détiens déjà des actions (c’est ainsi que tu reçois les warrants).
- Contraintes personnelles : cash disponible, horizon de temps, tolérance au risque, fiscalité.
Stratégies possibles : panorama rapide
| Choix | Quand ? | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|---|
| Garder le warrant | Si on anticipe une hausse > strike | Potentiel élevé | Peut expirer sans valeur |
| Vendre le warrant | Si le warrant est coté avec prime temps | Gain immédiat, pas de cash immobilisé | On perd le potentiel si le cours décolle |
| Exercer le warrant | Si cours > strike, surtout proche échéance | Gain certain, renforce la position | Nécessite du cash + risque de baisse |
| Laisser expirer | Si cours < strike à l’échéance | Aucun coût supplémentaire | Perte totale de la valeur du warrant |
Stratégies clés selon la situation
A) Warrants cotés, cours au-dessus du strike
- Vendre les warrants : encaissement immédiat, pas de cash immobilisé.
- Exercer et revendre les actions : verrouille le gain, utile si la prime temps est faible.
- Panachage 50/50 : vendre une partie, exercer l’autre.
B) Warrants cotés, cours proche du strike
- Vendre si prime temps intéressante (prix warrant > intrinsèque).
- Conserver une petite ligne comme “ticket de loterie” sur un catalyseur (résultat, news).
C) Warrants cotés, cours sous le strike
- Vendre s’il reste une cote (mieux que zéro à l’échéance).
- Conserver partiellement si horizon long et catalyseurs identifiés.
D) Warrants non cotés
- Exercer si cours > strike → gain garanti mais cash immobilisé.
- Attendre si cours ≤ strike → garder le potentiel, mais noter l’échéance pour éviter l’expiration inutile.
Couverture sur la position action
Quand on reçoit des warrants, on est déjà actionnaire. Voici les couvertures possibles :
| Stratégie de couverture | Principe | Avantages | Limites |
|---|---|---|---|
| Covered call | Vente de calls contre ses actions | Revenus immédiats, baisse du point mort | Limite la hausse si l’action s’envole |
| Protective put | Achat de puts sur ses actions | Assurance en cas de forte baisse | Coût direct (prime à payer) |
| Collar | Put acheté + call vendu | Protège en bas, finance l’assurance avec call | Cède une partie du potentiel de hausse |
Playbooks prêts à l’emploi
Prudent – sécuriser
- Si cours ≥ strike et warrant coté : vendre 100 %.
- Si non coté : exercer puis revendre immédiatement les actions.
- Couvrir ses actions via des covered calls courts.
Équilibré – encaisser et garder un ticket
- Vendre 50–70 % des warrants, garder 30–50 % jusqu’à un catalyseur identifié.
- Sur les actions : collar modéré (put OTM + call OTM).
Offensif – viser la performance maximale
- Conserver la majorité des warrants, exercer uniquement si la prime temps disparaît.
- Ne pas trop se couvrir pour laisser respirer l’upside.
- Gestion active autour des news.
Exemples chiffrés rapides
Hypothèse : ratio 1:1 (1 action = 1 warrant).
| Cours de l’action | Strike | Valeur intrinsèque | Prix du warrant | Meilleure stratégie |
|---|---|---|---|---|
| 16 € | 12 € | 4 € | 4,60 € | Vendre (captation de la prime temps de 0,60 €) |
| 12,50 € | 12 € | 0,50 € | 0,80 € | Vendre (0,30 € de prime temps) ou panacher |
| 10 € | 12 € | 0 € | 0,20 € (6 mois restants) | Vendre si pas de catalyseur, sinon garder partiel |
Erreurs fréquentes à éviter
- Oublier l’échéance.
- Passer des ordres “au marché” sur des warrants illiquides.
- Exercer alors qu’il reste une prime temps importante.
- Immobiliser trop de cash pour exercer puis devoir vendre dans l’urgence.
- Ignorer la dilution massive si tous les warrants sont exercés.
Checklist opérationnelle
- Aujourd’hui : noter strike, ratio, échéance, cotation, frais.
- J-90 : décider du plan (sécuriser / équilibré / offensif).
- J-30 : réévaluer prime temps vs intrinsèque, news à venir.
- J-7 : ajuster → vente ou exercice.
- J-1 : vérifier cash, passer ordres limités.
- Jour J : exécuter, vérifier fiscalité.
Conclusion
Un warrant dividend n’est pas un chèque : c’est une option conditionnelle.
- Si le warrant cote au-dessus de son intrinsèque → vendre est souvent plus malin.
- Si la prime temps est faible et la liquidité meilleure sur l’action → exercer et revendre verrouille le gain.
- Entre les deux, les stratégies hybrides (vente partielle, collars, covered calls) permettent de doser rendement et risque.
👉 L’essentiel : anticiper, utiliser des ordres limités et ne jamais laisser l’échéance décider à ta place.
Note pédagogique
Cet article est rédigé dans un but informatif et pédagogique.
Il ne constitue pas un conseil en investissement personnalisé.
Chaque investisseur doit tenir compte de sa situation financière, de son profil de risque et, le cas échéant, demander l’avis d’un professionnel agréé.